All Mecen reçoit : le collectif CELA
Musique, graphisme, projection vidéo, photographie : CELA est une expérience d’hybridation de disciplines artistiques. En regroupant des talents variés mais unis, le collectif est protéiforme tout en restant cohérent. Rencontre avec Nina et Clément, deux des piliers de CELA.
Comment CELA s’est-il formé ?
Clément : Avec des amis du lycée, nous avions cette idée de projet artistique commun. Après en avoir parlé pendant un an sans passer à l’acte, nous nous y sommes finalement mis. Nous avons trouvé un nom, un logo, et c’était parti ! Nina nous a rejoints un mois plus tard.
D’où vient le nom ?
(rires)
Clément : Nous avons cherché très longtemps sans trouver. Puis nous nous sommes dit qu’il fallait revenir à quelque chose de simple et qu’on trouverait quand on ne s’y attendrait plus.
Nina : Et c’est exactement ce qui s’est passé !
Clément : Oui, c’est tombé en pleine soirée ! On s’est dit, c’est ça, c’est CELA ! Ce n’est pas une histoire très sexy mais bon !
Nina : Ça m’a tout de suite parlé. L’idée du ça, de la chose, d’un ensemble, à la fois général et précis, je trouvais CELA très intéressant. J’apprécie aussi le fait que ce nom désigne.
Quelle est l’idée derrière CELA ? L’union fait la force ?
Nina : (rires) C’est l’objectif en tout cas ! Après, tous bosser sur le même projet quand on est 8, ce n’est pas toujours possible. Il faut trouver le bon équilibre, c’est évident. Mais il faut qu’on sache qu’on est là les uns pour les autres, et que pour tel ou tel projet, on ira piocher dans le savoir-faire de chacun. Nous avons tous un parcours assez différent et c’est intéressant. Nous arrivons avec des bagages variés.
Clément : C’est ça ! Quand nous avons commencé à travailler ensemble, nous avions tous plus ou moins la même idée. Pour ma part, je ne me sentais pas très légitime tout seul et j’avais besoin de m’associer à d’autres gens, de bosser en groupe pour me sentir plus à l’aise dans ce que je faisais. Je trouve que c’est plus facile d’avoir des ambitions quand on est nombreux et qu’on se complète bien. Ça aurait pu ne pas marcher, mais là clairement, je pense que l’objectif est atteint. On est bien plus efficace, on a bien plus confiance en nous, etc.

Portrait des membres de CELA par Tenseï
Comment imaginez-vous l’évolution du collectif ?
Nina : Deux choses se dessinent. D’une part, l’activité purement créative de recherche artistique et de projets. L’objectif est d’exposer, de réaliser des performances, de montrer notre travail au public. D’autre part, pour gagner de l’argent, se rapprocher de ce que peut faire une agence, même si nous ne voulons pas fonctionner comme tel.
Clément : Oui, même si je ne pense pas que ce soit juste pour équilibrer, pour faire des trucs cool et des trucs moins cool.
Nina : C’est vrai, on veut rester dans quelque chose de qualitatif, et on choisit quand même pas mal nos projets.
Clément : Oui, même si on fait avec ce que l’on nous propose. Nous ne sommes pas encore à travailler pour le Centre Pompidou ou quelque chose comme ça…
Clément, peux-tu nous parler de Jumo, ton projet musical ?
Clément : J’ai créé ce projet il y a environ 3 ans et demi. C’est mon premier projet solo, même si aujourd’hui je ne suis plus du tout seul. Disons plutôt que je suis le seul à faire la musique. CELA est derrière à fond, Nina est quasiment tout le temps présente. En live, nous faisons de la projection vidéo, il y a également les clips, et pour chaque nouveau morceau, on fait de nouvelles images. Donc on bosse tout le temps ensemble, ce n’est plus du tout que moi !

Live de Jumo
Comment se passe la création de l’image par rapport à la musique ?
Nina : A l’origine, il y a vraiment une rencontre entre Clément et moi. On a dégagé un univers et des thèmes communs, qui nous touchaient tous les deux. A partir de là, en écoutant la musique de Clément avec laquelle j’ai accroché, j’ai commencé à dessiner. Généralement je fais des croquis, Clément aussi parfois, puis on retravaille tout ça. Souvent, je fais les dessins définitifs que nous animons ensuite ensemble. La musique de Clément est très narrative, et le fait qu’il y ait rarement des paroles fait qu’elle n’oriente pas. Cela me laisse beaucoup de libertés pour dessiner et créer un univers autour du son.

Nina et Clément en résidence pour Jumo.
Ce soir, live à La Machine ; stressé ?
Clément : Ouais (rires). Notre live est en plein changement, que ce soit au niveau de l’image mais aussi du son. On veut que ça évolue. Donc c’est bien stressant, en plus avec les galères techniques… Et puis c’est une grosse scène.
As-tu également un projet personnel Nina ?
Nina : C’est un peu compliqué entre le collectif et le projet de Clément (rires). Ca me fait déjà beaucoup de choses, et finalement la frontière est assez poreuse. Mon projet perso pour le moment, c’est mon projet avec Clément. Après, c’est sûr que cette année, l’objectif est aussi de me dégager du temps pour revenir au dessin, ce par quoi j’ai commencé ; la feuille et le crayon.
Quels sont vos futurs projets, ou ceux dont vous aimeriez parler ?
Clément : On aimerait bien réaliser une installation pour le Vendée Globe puisque nous travaillons souvent aux Sables-d’Olonne et que cela nous donnerait beaucoup de visibilité. Au départ, nous voulions collaborer sur ce projet avec des marques, mais nous n’avons pas tellement eu de retours. Du coup, on s’est dit qu’on allait faire une installation « sauvage » de notre propre initiative et sans démarcher personne. Nous n’avons pas encore défini clairement comment nous allons nous y prendre.

Projection sauvage
A choisir, vous préféreriez pouvoir parler toutes les langues aussi bien que votre langue maternelle ou pouvoir jouer de tous les instruments comme un soliste ?
Nina : Ah c’est dur ça !
Clément : Moi jouer de tous les instruments.
Nina : Moi parler toutes les langues, c’est sûr (rires).
Clément : Je pense qu’on peut communiquer autrement qu’avec les langues, donc je préférerais savoir jouer de tout. (rires)
Nina : Pas faux !
X ou Y
Science ou religion ?
Nina : Science.
Clément : Ouais, science.
Andy Warhol ou Banksy ?
Clément : Banksy.
Nina : Ah, Andy Warhol (rires)
Clément : Ah ouais ? Marrant. (rires)
Jour ou nuit ?
Nina : Ah bah nuit.
Clément : Nuit.
Nina : Je pense qu’on a un petit souci là-dessus (rires).
Clément : Enfin moi c’est un peu les deux. Mais c’est vrai que notre travail comporte un rapport particulier à la nuit.
Nina : Oui, et c’est aussi qu’on est particulièrement productifs la nuit (rires).
Maître Gims ou Matt Pokora ?
(rires)
Clément : Maître Gims parce que c’est beaucoup plus drôle.
Nina : Oui, Maître Gims parce que c’est du second degré, enfin j’espère !
Clément : Je sais pas si c’en est ! (rires) En tout cas, je me suis surpris à danser sur du Maître Gims pendant des soirées un peu bizarres.
Nina : Ah tiens, je n’étais pas là !
Jazz ou classique ?
Clément : Joker.
Nina : Je dirais jazz quand même. J’ai appris à l’apprécier au fil des rencontres.
Clément, trop dur de choisir ?
Clément : Oui, j’écoute du jazz toute la journée, et de la musique classique toute la nuit. Je ne pourrais choisir, les deux influencent beaucoup ma vie et la rythment. C’est la musique que je mets pour vivre, c’est celle qui tourne tout le temps.

“Passage”
Si vous deviez choisir un musicien jazz et un musicien classique ?
Nina : Pfouuuu….
Clément : En jazz ce serait Brad Mehldau, et en classique contemporain Steve Reich. En moins contemporain, je dirais Bach.
Nina : Ravel ; et en jazz Miles Davis, un dieu.
Dalaï-lama ou Gandhi ?
(rires)
Nina : euhmm… Je suis tentée de dire Dalaï-lama parce que je me suis beaucoup intéressée au Bouddhisme, mais pour la figure de Gandhi et de son combat, je vais dire Gandhi.
Clément : Je n’en ai vraiment aucune idée.
Nina : Dis au hasard !
Clément : Je vais dire Dalaï-lama histoire de pas dire comme Nina (rires).
Sucré ou salé ?
Nina : Salé, mille fois salé.
Clément : Salé.
Nina : On est très très salé, surtout pour les petits anchoix (rires).
Clément : A force de travailler aux Sables-d’Olonne, on a pris quelques habitudes marines ! (rires)
Marine Le Pen ou Marion Maréchal-Le Pen ?
(rires)
Nina : Ah bah là, joker !
Clément : Ah merde, j’ai déjà pris mon joker, je suis niq**. Bon, alors je vais dire Marion Maréchal-Le Pen, parce que si on lui retirait tout ce qu’elle a dit et tout ce qu’elle a dans la tête, elle pourrait être jolie. (rires).
Nina : (rires) Tous les mecs disent vraiment la même chose : “si on lui fermait la bouche et qu’on lui éteignait le cerveau, ce serait bon !”
Brad Pitt ou Angelina Jolie ?
Nina : Angelina Jolie. Elle est quand même plus belle que Brad Pitt.
Clément : Moi je m’en fous. Je vais dire Angelina Jolie mais elle ne m’intéresse absolument pas.
Réalité ou fiction ?
Nina : Bah… Fiction, non ?
Clément : Je ne sais pas.
Nina : Je pense que la fiction est un moteur dans notre création, le fait de s’extraire du réel, de faire seulement avec notre imagination.
Clément : On s’intègre quand même pas mal dans le réel…
Nina : Tu as le droit de dire réalité hein… (rires) C’est peut-être pour ça qu’on se complète bien.
Clément : Bon ! Eh bien je vais dire réalité (rires) !
Propos recueillis par Jean Boutros Younes le 23 septembre 2016.
Retrouvez le collectif CELA sur :
Leur page Facebook : https://www.facebook.com/celacollectif/?fref=ts